L'éternelle jeunesse du hip-hop français

De Les Feux de l'Amour - Le site Wik'Y&R du projet Y&R.

On y apprend notamment que la pochette a été réalisée par Jean-Baptiste Mondino, que l’instrumental «Funk A Size» de Dee Nasty était destinée à servir de support aux breakers de l’époque et que tous les groupes présents (NTM, Assassin, Tonton David…) ont été signés dans la foulée sur une maison de disques. Le rap français était né né? Pas tout à fait.

Chercher à expliquer la naissance du hip-hop en France, c’est revenir immanquablement au début des années 1980, comme en témoigne Vincent Piolet, qui a conçu son livre comme une enquête policière, allant à la rencontre de tous ceux qui ont fait le hip-hop en France dans les eighties:

«Il n’y avait pas de disques à l’époque. Les mecs se réunissaient simplement pour rapper dans des soirées ou lors des après-midi animés par Chabin au Bataclan ou au terrain vague de La Chapelle. Les premières traces discographiques de rap en France, on les trouve d’ailleurs chez des artistes assez éloignés de la culture hip-hop: Plastic Bertrand, Chagrin d’Amour, Interview…» Aux côtés de ces artistes apparaissent toutefois les premières figures de proue d’un mouvement qui s’apprête à écrire son histoire sur les murs des terrains vagues, sur les pistes de danse des clubs branchés et sur les ondes des radios libres. Il y a bien sûr ceux qui ont très vite établi des connexions avec les Etats-Unis: Alex Jordanov, qui Videos de Hip Hop devient le patron du club culte The Radio à Los Angeles et est à l’origine du premier titre hip-hop réalisé par un français («Spray It», enregistré aux côtés d’Ice-T et produit par Andre Young, futur Dr. Dre), Jean Georgegakarakos, dont le label Celluloïd publie le tube «Change The Beat»... Ou encore Bernard Zekri, qui documente la culture hip-hop dans les pages d’Actuel et fait tourner le New York City Rap Tour, autant dire la crème du Bronx (Rock Steady Crew, Dondi, Futura 2000, Afrika Bambaataa), à travers toute la France: Paris et Lyon, bien sûr, mais aussi Belfort, Strasbourg ou Mulhouse.

Il y a aussi ceux qui baignent dans le milieu médiatique, comme Sidney, premier présentateur black en France, dont l’émission, H.I.P. H.O.P., accueille durant un an les pontes de la culture hip-hop (Afrika Bambaataa, Herbie Hancock, D. ST., et même Madonna), ou comme Alain Maneval ,qui accueille en 1982, sur le plateau de Megahertz sur TF1, le rappeur et graffeur Futura 2000. Une première.

Il y a enfin, comme précisé dans l’ouvrage de Vincent Piolet, ces «improbables précurseurs». A l’image de Phil Barney, dont l’émission Soul Train sur Carbone 14 diffusait dès 1981 les premiers tubes de Sugar Hill Records et de Tommy Boy Records. L’auteur de «Un enfant de toi» profitait également de cette émission pour rapper, notamment durant le générique:

«Tout ce que je veux te faire partager, c’est l’amour du funk/F.U.N.K., c’est la seule musique qui te fasse faire des efforts/Oui, la seule musique qui fasse bouger ton corps/ Et c’est pour ça que Phil Barney est ici…» Des histoires comme celles de Phil Barney, le hip-hop français en a des dizaines à raconter.